Clou de girofle


Nom Botanique : Eugenia caryophyllata, Syzyium aromaticum, Caryophyllus aromaticus
Europe : anglais : clove, allemand : Nelke, Gewürznelke, espagnol : clavo de especia, Clavo, portugais : Cravo, italien : Chiodo di garofano, grec : Garífalo, hollandais : Kruidnagel, russe : Gvozdika,
Afrique : hébreux : Tziporen, arabe : Qaranful, Habahan,
Asie : sanskrit : Shriisanjnan, hindi : Laung, singhalais : Karabu nati, malais : bunga cebgkeh, Bunga cingkeh, indonésien : cingkeh, Céngké, thailandais : Gram goo, Khan plu, chinois : Ting hsiang, Ding heung, vietnamien : Hanh con, japonais : Choji

Les clous de girofle sont les boutons floraux d'un arbre tropical, le giroflier, qui appartient à la famille des Myrtacées, et atteint de 12 à 15 mètres de haut.
La forme de ces boutons est à l'origine du nom latin Clavus, clou. Le terme clou de girofle est apparu en France vers 1225.
Il est universellement utilisé dans les cuisines asiatiques et européennes.
En Indonésie et en Asie du sud-est, il entre à dans la composition des cigarettes kretek.

Historique :

Originaire des Moluques, le clou de girofle est utilisé depuis un temps immémorial par les Chinois pour ses propriétés médicinales. On raconte que les courtisans mâchaient un clou de girofle avant de parler à l'empereur pour parfumer leur haleine.
Des colliers de clous de girofle entourent le cou de certaines momies égyptiennes.
En 65, Pedanios Dioscoride vante ses vertus dans le traité "Sur la matière médicale".
Il semble que ce soient les Phéniciens qui l'acheminèrent à Rome.
La première citation de cette épice en Europe occidentale semble être un texte qui liste, en 334, un cadeau de l'empereur romain Constantin le Grand à saint Sylvestre, évêque de Rome, comportant, entre autres choses, 150 livres de clous de girofle.
On a retrouvé, dans une sépulture mérovingienne datant de l'an 600, une boîte en or contenant 2 clous de girofle.

A la fin du Moyen Age, il est utilisé en Europe pour conserver les aliments.

L'origine du girofle est déterminée au XVème siècle par Nicolo de Conti, voyageur vénitien. Il entend dire lors de son grand périple en Asie (1444), que le girofle est produit aux îles Banda, au centre des Moluques, et transite par Java.
En 1511, les Portugais découvrent les Moluques, îles à girofle et muscade. Ils en confisquent la production et la limitent dès 1512, lors de l'établissement de leur premier comptoir.
Antonio Pigafetta, qui participa à l'expédition de Magellan (1520 - 1522) et en établit le compte rendu journalier, décrivit le premier le giroflier avec précision.
En 1605 les Hollandais s'emparent des Moluques et appliquent la même politique que les Portugais : restriction de la culture uniquement sur les Moluques et contrôle strict de la production pour maintenir artificiellement des prix élevés.

Pierre Poivre (1719 - 1786), aventurier et botaniste français, révolutionne cette politique commerciale en s'emparant et en acclimatant en 1773 quelques girofliers. Le monopole hollandais était terminé.

Bibliographie historique :

Compte rendu du périple de Magellan, Antonio Pigafetta
Le livre des merveilles du monde, Marco Polo
Voyages de M. de Thévenot contenant la relation de l'Indostan, des nouveaux Mogols et des autres peuples et pays des Indes, Jean de Thévenot (1633-1667)

On raconte…

Aux Moluques, on plante un giroflier à chaque naissance, la bonne croissance de l'arbre est signe de bon augure pour l'enfant. On y porte aussi un collier de ses clous pour éloigner le mauvais sort.
Au Moyen Age, il était considéré comme un antidote à la peste.
En 1642, Anders Rydaholm, herboriste suédois, précise que "si un homme perd sa puissance virile, il doit cesser de boire de l'alcool pour le remplacer par du lait épicé au moyen de 5g de clous de girofle : cela le fortifiera et lui fera désirer à nouveau sa femme".


Propriétés :

Antiseptique, analgésique, anesthésiant
Très utilisé en dentisterie, contre la rage de dents
Stimulant
Utilisé contre les troubles intestinaux, les infections urinaires et gynécologiques
Antibactérien, antifongique, (contre colibacilli, streptococci, staphylococci, pneumococci) et antimyeoctique
L'eugénol extrait des clous sert à faire de la vanille de synthèse...

Composition :

plus de 15% d'huile essentielle
70 à 90% d'eugénol
10 à 15% d'acétate d'eugénol
3 à 12% de bêta-caryophyllène
2% d'acide oléanique
traces de : vanilline, furfural, méthyle amyl ketone

Le giroflier :

Eugenia Caryophyllata ou Syzygium aromaticum
famille des Myrtacées.

Étymologie :

Eugenia : en hommage à Eugène de Savoie-Carignan (1663-1736) humaniste et botaniste
Caryophyllata : du grec, karuo (noyer) et phyllon (feuille) : à feuille de noyer

Arbre de 8 - 15 mètres, climat tropical marin, au tronc lisse gris clair.
Fleur petite, composée de 4 pétales blancs et de 4 sépales rouges.
Son fruit est une baie elliptique pourpre, puis brun violacé, aromatique.
Feuillage persistant coriace vert luisant, qui dégage un effluve sucré.
Récolte 6 à 8 ans après la plantation, plein rendement à partir de 20 ans et pour plus de 20 années.
La cueillette est réalisée à la main pour ne pas abîmer les branches. Les boutons sont récoltés au moment précis du rosissement des sépales. Chaque arbre produit environ 10 kg de clous par an.
Les boutons sont ensuite dégriffés (séparation du bouton du pédoncule qui est conservé pour extraire l'huile essentielle). Puis ils sont séchés au soleil qui leur donne leur couleur brune.

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